Note de l'éditeur :
À partir d’une lecture des savoirs ethnographiques au Sahara Atlantique septentrional (Wad-Nun, Sagya al-Hamra et Tiris), cet ouvrage étudie les dispositifs à l’œuvre dans le changement sociopolitique en cours. Le milieu villageois, oasien et pastoral, constitue en effet un terrain de réflexion sur l’évolution des formes tribales dans des espaces où la marocanité est contes-tée par le F. Polisario. L’auteur y questionne les différentes faces de l’identité pastorale et semi-pastorale.
Dans le contexte de la gouvernance territoriale et de l’apparition de nouveaux modèles de leadership, le rapport traditionnel entre la région du WadNun et les deux régions de la Sagya al-Hamra et du Tiris fait place à de nouveaux types de comportement et d’action notabilaire. La comparaison entre les trois régions laisse à voir la possibilité d’une anthropologie postpolisarienne, qui fait le ménage dans le corpus abondant mais répétitif concernant le F. Polisario. D’entrée de jeu, l’auteur souligne l’avancée urbaine au Sahara et l’intérêt de la ville qui n’apparaît plus d’abord comme une créature étrangère, mais comme la représentation à la fois de l’État, de l’économie marchande et de la modernité.
Dans les trois régions de la rive nord-ouest, la saharanité se présente désormais sous le régime de la coexistence de divers ensembles ethniques dans un même espace politique. Ce nouveau modèle marque une rupture avec les représentations antérieures de la saharanité, qui mobilisaient les images de la synthèse et de la fusion. Il détermine un autre espace, celui de la relation et de l’échange entre des groupes humains porteurs d’identités particulières, volontiers désigné par la notion d’interculturel, devenue au Sahara un maître-mot du langage politique ou médiatique. Le modèle est riche en promesses. L’ouvrage se clôt par une synthèse des débats instaurés aujourd’hui entre les études postcoloniales et des études du développement caractérisées par le manque de travaux sur le Maroc saharien.
Mustapha Naïmi est professeur de l’Université Mohamed V-Souissi à Rabat, où il dirige l’Équipe des études sahariennes pluridisciplinaires à l’Institut universitaire de la recherche scientifique.