Rencontré par hasard sur un pont à Vallouise, petit village des Hautes-Alpes situé dans le massif des Écrins, Simon Estrangin est l'auteur d'un très beau recueil de voyage. Jeune géographe agrégé et passionné de voyages, c'est pas le biais de l'écriture et de l'illustration qu'il se propose de nous emmener avec lui. Enseignant sur l'île de la Réunion, c'est en Amérique Latine qu'il va user ses chaussures et porter son chevalet afin de nous offrir un régard d'artiste et de géographe sur le monde.
Livre : Traversations sud-américaines.Vers une géographie du voyage, de Simon Estrangin
« La géographie est-elle incapable à rendre compte du voyage ? Que serait une telle géographie ? Ma conviction est que, loin des bureaux, des bibliothèques ou des amphithéâtres, elle ne peut être établie que sur la route. (…) Une géographie du voyage doit passer, en passer par là : être une géographie en voyage. »
Traversations sud-américaines est au premier abord un récit de voyage personnel en Argentine, en Bolivie, au Pérou, au Chili et en Patagonie. Il est question des sites incontournables (Cuzco, Chiloé…) et de rencontres avec les habitants et avec d’autres voyageurs tout au long de la route. Ce récit est aussi une réflexion sur le voyage et sur la géographie, deux thèmes sur lesquels l’auteur propose ses points de vue en questionnant les paysages, les hommes qui y vivent, des philosophes, des naturalistes, des géographes.
Quelques aquarelles de Simon :



Traversations sud-américaines. Vers une géographie du voyage, de Simon Estrangin, aux Éditions
Livre du Monde.
Depuis quelques années, du chocolat (Le Radeau de la Méduse, 1999) aux diverses sortes de poivres et d'épices (Liz, 1999), aux clous, terres, déchets, fils de fer, fils, tissus, papiers et ordinateurs, les oeuvres du Paulistano Vik Muniz ne cessent de nous étonner. Ce dernier a exposé depuis 1989, dans de nombreuses expositions personnelles à New York, São Paulo, Rio de Janeiro, Barcelone, Houston, Santiago de Compostela, Rome, Madrid, Dublin, ainsi que dans les institutions les plus prestigieuses. En 1998, il participe à la 24e Biennale internationale de São Paulo et en 2001, il représente le Brésil à la 49e Biennale de Venise. En 2005, le Miami Art Museum lui a consacré une exposition rétrospective qui a été présentée à travers l’Amérique. En 2008, il est le commissaire invité pour une grande exposition au MoMA, Artist's Choice: Vik Muniz.
Photo : www (World Map), pictures of Junk, 2008 de Vik Muniz

Aujourd'hui c'est son travail sur la carte que je souhaite mettre en avant. Voici une superbe photo monumentale de l'artiste plasticien brésilien qui représente un immense planisphère.
Son oeuvre : www (World Map), pictures of Junk, 2008. C'est un triptype dont chaque panneau mesure 1m50 sur 1m.
Conçu avec de vieux composants électriques et électroniques et de vieux moniteurs d'ordinateur, sa carte possède indéniablement un pouvoir de réflexion sur la manière dont nous nous occupons de nos déchets. Vision quelque peu apocalyptique du futur, la terre nous est présentée comme une vaste décharge qui nous avale peu à peu. C'est assez dérangeant mais diablement efficace.
Vik Muniz transforme l'ordure en art sur le site de Metro le 17 juin 2012
Le dessinateur Fred (de son vrai nom Frédéric Othon Théodore Aristidès) a brisé son crayon l'année dernière en laissant de nombreux amis orphelins : Philémon, Barthélémy, Anatole, le Manu Manu et tous ceux qui l’aimaient, lui et son univers poétique, loufoquement logique ou logiquement loufoque, toujours et jamais à prendre au pied de la lettre. Grand prix de la ville d'Angoulême en 1980 et Alph'Art du meilleur album en 1994, il fait partie des rares auteurs à avoir obtenu ces deux hautes distinctions de la bande dessinée francophone.
Or, l’artiste dans le premier album des aventures de Philémon, Le Naufragé du « A », paru en 1972, était l'inventeur au combien génial de ce lieu géographique : le « A » ! Celui de l’Océan Atlantique que l'on retrouve sur tous les planisphères. C'est d'ailleurs le seul endroit impossible à localiser sur Google Maps (essayez de zoomer sur le A pour voir, l'expérience peut durer très longtemps…) !
Illustration : Le « A » de l'Océan Atlantique

Décidément, les Legos sont une source inépuisable d'inspiration - y compris dans la cartographie. Voici le travail d'un directeur artistique d'origine argentine qui travaille dans la publicité : Fernando « Rapa » Carballo. Ce dernier a, en 2011, présenté une œuvre cartographique originale à la Casa de América de Madrid : un cartogramme en Legos.
Photo : un cartogramme en Legos : les migrations sur le continent américain

Son projet, assez ludique, traite d'un sujet sérieux : les migrations entre les différents pays du continent américain. L'auteur a collé sur les deux faces d'un même tableau une carte différente, l'une représentant les données de l'émigration et l'autre celles de l'immigration par le biais de volumes en 3D. Chaque pièce de Lego représente 10 000 personnes. Souvent difficile à interpréter, le cartogramme devient ici une anamorphose tridimensionnelle et prend toute sa valeur. La dernière photo montre les deux faces de la carte. L'idée est simple mais très efficace.
Le monde vu par le cartographe et savant Sebastian Münster, rhénan du XVIe siècle.
En 1544, l’humaniste Sebastien Münster publie un ouvrage qui va marquer le XVIe siècle : la Cosmographia Universalis. L’auteur déclare en préambule que son ouvrage est la description du monde, tel qu’il est perçu dans l’Espace rhénan du XVIe siècle. Prémices de l’encyclopédie de Diderot, cette cosmographie rassemble des données géographiques, généalogiques, zoologiques et botaniques, avec comme fil conducteur l’histoire. Les renseignements recueillis touchent l’Europe, l’Asie, l’Afrique et le nouveau continent America.
Illustration : Première de couverture de la Cosmographia Universalis
Cet ouvrage, qui connaît un immense succès, a fait l’objet de nombreuses éditions, probablement pas moins de 49 en diverses langues : latin, allemand, français, italien, anglais, tchèque. Toutes ces éditions sont très inégales au niveau de leur contenu. Certains textes sont augmentés, d’autres voient des planches supprimées.
Au courant du XVIe siècle, la cartographie est en pleine renaissance. De nombreuses cartes voient le jour. Celles de Sebastien Münster, publiées dans sa cosmographie, sont le plus souvent citées en référence.
Qui est-il ? Franciscain, Sebastien Münster poursuit des études de théologie et s’initie à l’hébreu. Parallèlement, il s’intéresse aux mathématiques et à l’astronomie. Son beau-frère est l’imprimeur bâlois Heinrich Petri, auprès duquel il publie alors ses ouvrages. C’est ce dernier qui sort de ses presses en 1544 la Cosmographia Universalis en langue latine. Malgré le fait que Sebastien Münster ait fait preuve d’un sens géographique poussé pour son temps et qu’il détaille dans ses cartes, son travail ne peut pourtant être assimilé à celui d’un cartographe scientifique ou encore d’un mathématicien. Les données livrées ne sont qu’indicatives. C'est pour ces raisons que l'on pourrait assimiler une partie de son travail à celui d'un cartographe d'illustration dont voici un superbe exemple. Une Europe sans frontière et desorientée (l'Est se situe en bas de la carte). La légende est en Latin. Cette illustration représente une Europe d'une part divisée politiquement (en Royaumes) et d'autre part d'une grande diversité naturelle. Or son créateur aspire, au contraire, avec cette carte à une Europe unifiée (une seule Reine) dont le socle est une unité religieuse (Christianisme) et linguistique (latin). Bref une sorte d'Union européenne avant l'heure...
Carte : La dame Europe de S. Münster (1556)
Le succès de cette encyclopédie est assurément étroitement lié à l’insertion d’illustrations, réalisées pour certaines par les plus grands artistes rhénans de son temps. Parmi ces graveurs figurent Rudolf Manuel Deutsch, G. Hofreuter, Holbein le Jeune ou encore David Kandel. Il semble que la renommée des illustrations de David Kandel parues dans le Kreutterbuch de Hieronymus Bock ait entraîné une collaboration entre le graveur-illustrateur David Kandel et l’imprimeur Henricpetri en 1550 pour la publication d’une nouvelle édition de la cosmographie. De cette association naîtra 17 planches signées DK.
Carte : Tabula Europae III de S. Münster (1542)
Source : La Bibliothèque Alsatique du crédit mutuel
Enfin des cartes géographiques qui font saliver au sens propre du terme ! Voici le travail de deux artistes néo-zélandais : Caitlin Levin et Henry Hargreaves. Inspirées par leur passion du voyage et j'imagine leur gourmandise, leur cartographie est d'une part délicieusement esthétique et d'autre part assez caractérisque de l'image culinaire ou des clichés que l'on se fait d'un pays.
Photo : Caitlin Levin et Henry Hargreaves au travail

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Symposium : 14-18 : la Guerre en cartes, 12 juin 2014
Journée d’étude BnF / Comité français de Cartographie
Lieu : Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, petit auditorium
Si la Première Guerre mondiale a dévasté des millions de vies humaines, elle a aussi profondément bouleversé les territoires européens et leurs frontières, la perception et la représentation de ces espaces. Organisée à l’occasion de l’exposition « Eté 14 : les derniers jours de l’ancien monde » (25 mars-3 août 2014) par le département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France et le Comité français de Cartographie (CFC), cette journée d’étude tentera d’approfondir les dimensions sociales, culturelles et politiques, mais aussi les évolutions techniques de la représentation du territoire pendant le conflit. Comment la cartographie a-t-elle été mobilisée dans la préparation de la guerre, puis au cœur des opérations militaires ?
Comment les cartes ont-elles participé à la propagande des Etats et des Empires, quelles formes de représentations destinées à la société civile ont-elles été mises en œuvre, par le biais de la presse notamment ? Comment, enfin, les cartes ont-elles contribué à faire émerger une nouvelle géopolitique ?
Et hop les parisiens, on réserve sa journée !
Carte :
“Scene of the landing operations at the Dardanelles”: couverture du cahier cartographique “War Panorama”
réalisé par le London Geographical Institute et publié en 1915 en tant que supplément du Daily Mail.

Pour plus d'info c'est
iciSources :
Cartes et figures du monde
Voici une réalisation artistique intéressante. De la carte mère à la cartographie il n'y a qu'un pas ! Cette mappemonde a été réalisée par l'artiste Mancunienne Susan Stockwell à partir de composants d'ordinateur ! Férue d’œuvres d’art atypiques concues et fabriquées à partir d'objets du quotidien, elle avoue que cette carte n’a pas été seulement réalisée pour son côté artistique et original mais surtout pour offrir un exemple de recyclage intelligent. Elle a été encouragée par l’Université du Bedforshire (située à Bedford et à Luton) dans cette réalisation. La carte s’étend sur une assez large surface (6,5 mètres sur 4 mètres). Elle est exposée sur un mur de l’atrium du bâtiment universitaire. La couleur des composants utilisés pour les différentes régions n’a pas été choisie de façon aléatoire, elle représente le type du climat de la zone.
Photo : Carte et composants informatiques par Susan Stokwell

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Et bien non, je ne vais pas vous parler de François Pignon, mais du sculpteur
Andy Yoder. Ce dernier passé 2 ans à concevoir ce globe terrestre fait en allumettes dont les têtes ont été peintes, une à une. Véritable jeu de patience, l’artiste a même pensé à représenter l’ouragan Sandy sur une partie du globe. Cette
œuvre sera exposée à la galerie
Winkleman cette année, du 8 au 11 Mai 2014 à l’occasion de la PULSE New York Contemporary Art Fair. C'est beau, c'est de la carto en 3D !